Morgane et Merlin
Merlin croisait de plus en plus fréquemment le chemin de Morgane. Tous deux assistaient côte à côte aux conseils que tenait Arthur. Leurs sages recommandations aidaient le roi à rallier ceux qui refusaient encore de croire en lui et voir le souverain de Bretagne. Merlin préparait Arthur au combat. Dans les étoiles, Morgane voyait des guerriers s'affronter, mais le dragon rouge, emblême d'Arhtur, hérité de son père Uther Pendragon, scintillait au soleil de la victoire.
Morgane apprenait aux servantes à préparer les onguents, à panser les blessures, à réparer les os brisés et s'inquiétait un peu des présages ; Morgane demanda à Merlin de la guider à travers les mystères du monde et les secrets de la magie. En souriant, Merlin s'inclina devant la jeune femme :
- Je le ferai avec joie, dame de Cornouailles. Ton savoir est déjà grand, je sais quels pouvoirs tu possédes. Ne te l'ai-je pas dit lors de notre première rencontre alors que tu étais très jeune ?
-Merlin en cette terrible nuit de Tintagel ? tu m'étais appapu si vieux.. les conseillers de mon frère prétendent t'avoir rencontré dans la forêt il y a un mois à peine alors que tu n'étais qu'un enfant et ...
Merlin se mit à rire doucement..
- Ne te rencontre-t-on pas sous la forme d'un corbeau ou d'une vieille femme ridée ? crois-tu être la seule à savoir te métamorphoser ?
- Je voulais simplement savoir quel était ton vrai visage. Je ne joue pas de mes apparences pour le plaisir de dérouter les hommes, comme tu le fais !
-Je joue seulement quand le jeu est nécessaire mais rares sont ceux qui le comprendront. Ton frère le sait et toi, Morgane la fée, tu ne l'aurais pas saisi ?
- Je voulais juste voir ton vrai visage, dit Morgane en baissant la tête. A moins que tu ne m'en juges indigne ?
- Ce que tu vois làest ce qui me ressemble le plus. J'ai promis à ton frère de ne pas jouer aux transformations devant ses hommes mais je t'apprendrai à me reconnaître sous toutes mes apparences. Par là, commencera mon enseignement, dès mon retour".
Une vision douloureuse, comme un coup, éclata dans la tête de Morgane. S'y mêlaient une forêt, un cerf au pied blanc, la mince silhouette d'une jeune fille, un lac sombre, une cascade... elle se mit à trembler, de crainte, de douleur aussi.
-Tu vas m'abandonner, tu vas encore éloigner de moi le bonheur ! s'écria-t-elle.
-Je reviendrai bientôt, Morgane, mais demain je dois m'en aller. Je lis le destin, je ne le commande pas ; il est en est de même pour toi, il est temps que tu comprennes. Il est des pouvoirs plus grands que les nôtres qui nous rendent tour à tour forts ou faibles, heureux ou malheureux.
- Je ne l'accepterai jamais : je saurai me rendre seule maîtresse de mon destin et personne ne pourra me faire souffrir sans amèrement le regretter !
Au matin, Merlin quitta le château. Un corbeau noir l'escortait de cris sinistres. Parfois, l'oiseau piquait droit sur le cheval pour tenter de l'effrayer, mais Merlin parlait à sa monture qui reprenait aussitôt son calme.
Le soir de ce même jour, Arthur fit annoncer qu'il allait recevoir sa mère et ses deux jeunes soeurs qu'il n'avait pas revues depuis la fameuse nuit où Merlin l'avait emmené loin des siens.
Avant de partir guerroyer contres les rebelles, il voulait se ménager un temps pour la joie, l'affection et la fête. Morgane sentit une lourde angoisse l'étreindre : un nuage sombre, qu'elle ne pouvait percer, enveloppait ces retrouvailles. Elle maudit Merlin de s'être éloigné d'elle en un moment si périlleux.
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