Légendes Arthuriennes et autres

Légendes Arthuriennes et autres

Morgane et Arthur

Les trompes retentirent haut et clair ; la cour se pressait de part et d'autres de l'escalier en haut duquel Arthur et Morgane attendaient leur mère Ygraine et leurs soeurs Morgause et Anna. Sans se consulter, le frère et la soeur s'étaient vêtus de vert ! Arthur arborait sur sa cotte et sa cape toutes les nuances des jeunes feuilles, son manteau s'ornait de frises de cerfs brodés de fil d'or et de pourpre.
Morgane portait une robe de soie aux manches amples, de la couleur de la mer juste avant l'orage. Dans sa chevelure tressée, brillaient trois pierres vertes reliées entre elles par une châine d'or d'un travail très ancien.
Les gardes arrivèrent d'abord, puis l'escorte des chevaliers envoyés par Arthur, suivis des dames d'honneur sur leurs mules blanches harnachées de rouge . Enfin, venait Ygraine vêtue de blanc comme le veut la coutume pour les reines qui ont perdu leur mari. Eclairé par ses yeux de brume, son visage était resté pur et lisse comme lorsque Morgane l'avait quittée. Seuls ses cheveux, que l'on devinait sous la guimpe de fin linon qui lui enserrait le visage et le cou, avaient maintenant la couleur de l'argent et non plus de l'or. Derrière elle, venaient ses deux filles, Anna et Morgause. Anna arborait une épaisse chevelur d'or bruni. Son visage rond et doux s'illuminait de larges yeux noisette. A côté d'elle, Morgause, qui n'allait pas tarder à être mère, était allongée sur une litière.
Arthur dévala les marches, étreignit sa mère et sa jeune soeur. Ygraine pleurait, Anna riait ! Morgane descendit lentement l'escalier. Le voile noir qui s'était levé dans sa tête à l'annonce de la venue de sa famille était revenu, lourd, très lourd. Elle avait les tempes douloureuses ; elle aurait voulu que cessent les rires et les embrassades. Elle posait le pied sur les dalles de la cour, lorsque le roi se tourna vers la litière et tendit sa main vers sa soeur qui y reposait. Celle-ci malgré son ventre volumineux, se glissa hors de sa couche avec une souplesse animale. Arthur se figea : ses yeux se posèrent sur le visage puis sur le ventre de la jeune femme ; il devint blême. Morgause, les dents serrées, le regard affolé, ne disait mot. La brume se déchira dans l'esprit de Morgane : elle comprit que Morgause et Arthur s'étaient déjà rencontrés sans savoir qu'ils étaient frère et soeur ; ils s'étaient aimés et Morgause attendait le fils de son frère ! le soir même, Arthur vint confier à Morgane son chagrin et ses peurs. Tard dans la nuit, Merlin les rejoignit. Ils résolurent de taire ce secret, persuadés que Morgause en ferait autant. Merlin repartit à l'aube.
Morgane passa sa journée à préparer les festivités en l'honneur d'Ygraine. Celle-ci emplie du bonheur d'avoir retrouvé son fils avait annoncé qu'elle faisait sa dernière apparition dans le monde avant de se retirer dans un lieu isolé. Les fêtes, les repas, les moments d'intimité aussi, se succèdèrent. Morgause ne resta que quelques jours : Arthur l'évitait autant qu'il le pouvait. Au moment de quitter la cour, la jeune femme demanda à Morgane de venir la voir quand son enfant aurait 7 ans !
La vie reprit son cours. Le jeune roi accumulait les victoires au combat et Morgane prenait en charge l'organisation du royaume. Elle accordait moins de temps à ses travaux savants : la princesse se substituait à la fée ! Parfois, une messagère arrivait d'Avalon et repartait, seule, annoncer à ses soeurs que Morgane était plus utile pour un temps encore parmi les hommes. Deux mois après le départ de Mogause, un messager du Nord annonça qu'elle avait mis au monde un fils nommé Mordred. Ce jour-là Morgane resta chez elle, penchée de longues heurese sur des cartes du ciel. Elle en sortit très pâle, abattue, et ne retrouva son énergie coutumière qu'après quelques jours.

Morgause



22/03/2009
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