Les grottes du royaume de Logres (les temps Aventureux)
Le conte dit qu'il y avait anciennement, parmi les forêts du royaume de Logres des grottes où les chevaliers errants trouvaient toujours le vivre et le couvert ; lorsque l'un deux avait besoin de boire et de manger, il n'avait qu'à s'y rendre et aussitôt une demoiselle de féerie en sortait, on ne peut plus belle, qui portait une coupe de fin or à la main, des pâtés bien lardés et des pains croustillants ; et elle était suivie d'une autre pucelle qui tenait une blanche serviette merveilleusement ouvrée et une écuelle d'or ou d'argent où se trouvait les mets que le chevalier désirait ; et encore si le plat ne lui plaisait point on lui en apportait d'autres à sa volonté.
Mais il advint qu'un chevalier mauvais et plein de vilénie força l'une de ces demoiselles au bord de la grotte et vola la vaisselle d'or où elle l'avait servi.
D'autres agirent comme lui ; de façon qu'elles ne voulurent plus se montrer pour prière qu'on leur en fit.
Lorsque le roi Arthur eut fondé la Table ROnde par le conseil de Merlin, les chevaliers de sa maison convinrent qu'ils protégeraient ces demoiselles. Si une pucelle était conduite par un chevalier et que celui-ci fut outré (blessé) ou vaincu, alors elle appartiendrait au vainqueur. Mais celle qui était seule n'avais rien à redouter, sinon les félons dont il n'y avait guère en ces tempsn et elle pouvait aller aussi sûrement par le royaume que si elle eût été gardée. Néanmoins, on n'eut plus de nouvelles des pucelles des grottes.
Ce fut le commencement des Temps Aventureux -
Les chevaliers de la Table Ronde chevauchaient par monts et par vaux sur leurs fiers destriers et défiaient les félons, abattaient les mauvais usages, détruisaient les larrons sur les routes ; et des demoiselles qu'on ne saurait demander plus avenantes cheminaient tranquillement sur leurs palefrois.
Pendant ce temps à la cour du roi Arthur, la belle reine Guenièvre et ses dames, brillantes d'or et d'argent, de riches draps de soie, assistaient aux fêtes, aux chasses au faucon. Là vivaient aussi les chevaliers et jamais on ne vit chevalier si preux et si bons, si fiers et si vigoureux et hardis, mais on estimait alors la prouesse à beaucoup plus haut prix qu'aujourd'hui.
Cinq fois l'an, le roi Arthur tenait grande cour et portait sa couronne. En ce temps-là, nul ne passait pour vraiment preux, qui n'eut demeuré quelque temps en sa maison : aussi les barons venaient-ils en foule de tous côtés à ces cours. La cour de la Pentecôté était la plus enjouée et la plus gaie. Mais celle de Pâques était la plus haute et la plus honorée. A toutes ces cours, le roi avait coutume de ne se mettre à son manger que lorsqu'une aventure s'était présentée à ses chevaliers.
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