Le Roman de Merlin
Les chevaliers de la Table ronde ont pour mission de rendre à la terre sa prospérité, de faire cesser les enchantements ou les injustices ; la Table ronde devient à elle seule l’expression la plus haute de l’idéal chevaleresque.
Bien d’autres chevaliers les suivirent, et en si grand nombre que je ne peux tous les citer ; mais je peux bien vous affirmer qu’il y avait alors à la cour du puissant roi Arthur tant de chevaliers de mérite que, dans le monde entier, on ne parlait que de cette chevalerie et de la Table ronde d’Arthur. Tant et si bien que le roi se souvint des paroles de Merlin et s’adressa en ces termes à ses barons et à ses chevaliers :
– Seigneurs, sachez-le, vous devrez tous revenir à ma cour à la Pentecôte car je veux, ce jour-là, y donner la plus grande fête qu’un roi ait jamais donnée en quelque royaume que ce soit. Et j’ordonne à chacun de vous de venir avec sa femme car j’entends donner tout son éclat à la Table ronde, celle que Merlin institua sous le règne d’Uterpendragon mon père, et installer alors les douze pairs de ma cour dans les douze sièges. D’autre part, tous ceux qui assisteront à la fête et qui voudront demeurer avec moi feront à tout jamais partie de cette Table et seront accueillis avec honneur partout où ils iront car chacun recevra un pennon ou les armoiries de la Table ronde.
Ces mots furent salués par de grandes acclamations. Tous les barons de la cour étaient très contents, eux qui désiraient ardemment avoir la réputation d’appartenir à la Table ronde. Puis ils se séparèrent et chacun retourna dans son pays. Arthur resta à Logres, cherchant comment il pourrait donner un plus grand lustre à la Table ronde.
Roman de Merlin , attribué à Robert de Boron,
traduit de l’ancien français par Emmanuèle Baumgartner,
in La Légende arthurienne, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1989.
Enluminures par le Maître de Jacques de Besançon
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 9 autres membres