Le roman de Jaufré
Le Roman de Jaufré est un roman du cycle arthurien en vers, en occitan, de 10 956 vers octosyllabiques, écrit à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle. Le héros, Jaufré fils de Doson, est en fait Girflet, fils de Do, un des chevaliers de la Table ronde. C’est le seul roman arthurien conservé en langue d’oc (avec Blandin de Cornouaille, plutôt considéré comme un conte de fées apparenté à la matière de Bretagne).
Le roman commence à la cour du roi Arthur, à Carduel, à la Pentecôte. Le roi qui a écouté la messe, entouré de ses chevaliers, déclare qu’il ne se mettra pas à table avant d’avoir vécu une aventure nouvelle et emmène la cour dans la forêt de Brocéliande : une énorme bête y terrorise les paysans ; Arthur saisit la bête par les cornes mais ses mains y restent collées. La bête promène par tout le pays le roi pendu à ses cornes, sans que personne puisse le délivrer, puis se fait connaître comme un chevalier-enchanteur de la cour.
De retour au palais, s’y présente le jeune écuyer Jaufré, qui demande à Arthur de le faire chevalier. Surgit alors un guerrier à cheval, nommé Taulat de Rougemont : il tue un chevalier et le laisse mort aux pieds de la reine en insultant le roi. Personne n’ose le poursuivre. Jaufré demande à être adoubé sur le champ pour relever l’insulte. Arthur accepte.
Jaufré accomplit dans sa quête une série de prouesses glorieuses : il venge en combat singulier deux chevaliers tués et un autre blessé par l’orgueilleux Estout de Verfeuil ; il met hors d’état de nuire toutes sortes de criminels : deux chevaliers, un sergent, et deux lépreux dont l’un volait les enfants pour que l’autre puisse se baigner dans leur sang ; il affronte un chevalier noir qui apparaît et disparaît à des endroits différents : il s'agit du diable qui s’enfuit lorsqu’un ermite l’asperge d’eau bénite ; il délivre une centaine de prisonniers innocents qu’il envoie à Arthur pour preuve de sa bravoure.
Un jour, fatigué, il entre pour se reposer dans le verger du château de Montbrun, et s’y endort. Il est amené endormi devant Brunissen3, la dame du château. Ils s’éprennent l’un de l’autre. Le père de Brunissen est retenu depuis sept ans prisonnier par le même Taulat. Jaufré finit par le vaincre, rend la joie à tout le pays, et part avec Brunissen qu’il doit épouser pour la cour d’Arthur.
En chemin, attiré par les cris d'une dame qui se noie, il plonge dans une fontaine enchantée et se retrouve dans le monde souterrain d’une fée, où il doit se battre pour défendre la dame contre le chevalier « Félon ». Il la délivre, remonte sur terre, et gagne Carduel avec Brunissen, où leur mariage est célébré.
L’auteur est anonyme. Il y a peut-être eu deux auteurs : à la fin, il est demandé de prier « pour celui qui a commencé l’ouvrage et celui qui l’a achevé », et un éloge du roi d’Aragon aux vers 2616-2630 pourrait marquer l’intervention d’un second poète. Mais aucun argument n’est décisif.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 9 autres membres