Légendes Arthuriennes et autres

Légendes Arthuriennes et autres

le chevalier sans nom au château Désolé

Pour sa première aventure, le destin envoya le chevalier sans nom au château Désolé, un lieu tellement sinistre qu'on y entendait pleurer les pierres et gémir les murs. Non loin de là, se trouvait une jeune-fille éplorée.
-N'y allez pas ! n'y allez pas, implora-t-elle agrippée aux étriers. Ce château est ensorcelé. Dès qu'un chevalier s'y présente, il doit combattre le champion des lieux. Mais s'il gagne, il en sort un autre et un autre et il est impossible de les combattre tous. C'est de cette façon qu'est mort mon bien-aimé, je vous prie, rebroussez chemin, sinon vous connaîtrez le même sort !
-Ah non, voilà une aventure digne d'un chevalier du Roi Arthur ! s'écria le jeune homme et il s'approcha pour secouer la herse. Aussitôt sortit un chevalier pour lui en interdire l'accès, puis un autre, puis un troisième et ainsi de suite. Mais le jeune héros avait désarçonné le premier, renversé le deuxième d'un coup d'épée et écraser le troisième sous les sabots de son cheval, pour enfin finalement désarçonner un autre d'un magistral coup de poing. Une dizaine de chevaliers s'étaient présentés et gisaient tous à terre, alors la herse du château se releva.
Hélas, un second portail succédait au premier gardé lui aussi par une dizaine de chevaliers qui se jetèrent tous ensemble. Haches, fléaux, épées et lances s'abattirent sans pitié sur le chevalier blanc, mais il semblait que plus les coups pleuvaient sur le bouclier blanc et rouge, plus le chevalier redoublait de vaillance et d'ardeur. Et quand le dernier défenseur s'écroula, le portail s'ouvrit pour la première fois depuis de nombreuses années, déchirant les toiles d'araignées accrochées aux battants. Les habitants du château Désolé manifestèrent leur profonde gratitude au chevalier, car ils n'étaient en rien responsables de l'accueil réservé aux visiteurs.
-Où est le seigneur de ces tristes lieux demanda t-il ?
-Partez ! répondirent les habitants, fuyez ces sortilèges.
-Mais, pourquoi ne fuyez-vous pas vous-mêmes ? répondit-il.
-Aucun d'entre nous ne pourra quitter ces lieux vivants à moins d'ouvrir le coffre aux sortilèges.
-Alors, montrez-le moi ! ordonna le chevalier.
Les caves du château Désolé étaient sombres et humides et des cris, des grognements, des plaintes y résonnaient. Sous les pas du jeune-homme le sol tremblait, il en eut la chair de poule.
Au bout d'une étroite galerie, il vit une porte. Il pensa d'abord que les deux armures qui l'encadraient, hache dressée, servaient seulement de décoration, mais il aperçut  des yeux brillants derrière la visière des heaumes. Alors, il leva son bouclier juste au moment où les 2 haches allaient s'abattre sur lui. Il poussa la porte et faillit tomber la tête la première dans un trou béant. Il s'agrippa aux bords de ce qui se révélait être un puits. Il déscella par mégarde une pierre qui dégringola dans les profondeurs abyssales ; il l'entendit atteindre le fond au bout d'un temps infiniment long. De ce trou montait une odeur pestilentielle. Accroché au bord du puits, le corps balançant dans le vide, il réussit à se hisser jusqu'à la taille. Tandis qu'il cherchait une prise solide pour essayer de remonter... ses doigts se refermèrent sur le bout d'une grosse chaussure et il aperçut le visage du garde noir ! sous une cagoule noire, on distinguait des yeux tels des charbons ardents, et sa bouche crachait des flammes !  Il écrasa les doigts du jeune-homme et le frappa au visage pour le faire lacher prise. Mais le vaillant chevalier s'agrippa à la cheville du garde noir et tira. Il finit par se hisser sur le sol de la cellule et mordit violemment le garde à la jambe ; elle avait un goût de souffre et de goudron.
Le garde perdant l'équilibre, tenta de se redresser, mais le jeune-homme le poussa et il bascula dans le puits. La flamme qui sortait de sa bouche hurlante éclaira celui-ci tout le long de sa chute. Enfin la flamme s'éteignit dans un bruit de plongeon.
Seule une torche éclairait maintenant l'endroit. Une statue de cuivre se tenait à côté d'un immense coffre. A ses doigts pendait un trousseau de clés. Le coffre lui-même était recouvert de tuyaux en cuivre aussi nombreux que les piquants d'un hérisson et produisaient un vacarme assourdissant.
Le chevalier sans nom fit une prière et s'empara des clés puis les enfonça dans une serrure. Et si le coffre était empli de démons, d'esprits infernaux, de vampires, de goules ou de diables ? trop tard ! clic-clac - le mécanisme compliqué des serrures joua, les tuyaux de cuivre crachèrent un peu de poussière de souffre et le bruit cessa soudain.
Partout dans le château des oiseaux se mirent à chanter, des fleurs s'ouvrirent sur les tombes des chevaliers et les deux portails sautèrent de  leurs gonds et tombèrent dans un fracas épouvantable.
La statue de cuivre s'écroula aux pieds du chevalier.
Mais son coeur faillit s'arrêter de battre lorsqu'il vit un parchemin dans le coffre avec cette inscription :
"Celui qui ouvrira ce coffre est Lancelot du Lac, fils du roi Benoïc, le plus vaillant chevalier du Monde".
Lancelot du Lac s'en retourna à Camelot pour révéler son nom au roi Arthur. Mais celui-ci en avait déjà eu connaissance : une main invisible avait inscrit le nom sur le dossier du siège qui lui était réservé à la Table Ronde !
Guenièvre avait été la première à s'en apercevoir et les jours qui suivirent sa découverte, on la vit à plusieurs reprises effleurer de ses doigts les lettres qui composaient ce nom : LANCELOT DU LAC


13/04/2008
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