lancelot et Guenièvre - inquiétudes sur l'avenir
Déjà l'aube se levait. Lancelot et Guenièvre, serrés l'un contre l'autre à l'abri des arbres attendent la nef qui viendra emporter les deux amants.
La reine se serre frileusement dans le manteau de laine que Lancelot lui a jeté sur les épaules : son propre manteau de chevalier.. une immense lassitude l'accablait...
De même que Lancelot, Guenièvre se taisait. Elle mesurait, avec quel désespoir ! l'étendue de son infortune. A la pensée de tous les maux que sa funeste passion avait attirée sur son ami, sur le roi, sur les chevaliers de son entourage, Guenièvre admettait avoir largement mérité les épreuves qu'elle venait de subir. Et pourtant, dans le même instant, l'infortunée ne pouvait se défendre de constater que son destin s'était montré bien cruel en choisissant de la frapper à l'heure, où elle s'était séparée de son amant, elle avait cessé d'être coupable ; du moins charnellement, car en esprit, elle n'avait nul regret, nulle contrition de cette liaison si jalousement tenue secrète pendant tant d'années et qui ajourd'hui lui était reprochée comme un crime. Mais, se disait elle, l'avait-on consultée lorsque Arthur avait décidé qu'elle deviendrait son épouse ? son père, trop heureux de cette union royale, l'avait "cédée" (pour ne pas dire vendue) au roi afin d'obtenir son appui !! elle était très jeune Arthur avait déjà pris de l'âge... et pourtant elle avait essayé d'aimer son époux, elle l'avait aimé d'ailleurs à sa manière.. mais la passion pour Lancelot avait été la plus forte.. quelque chose qu'elle n'avait pas pu maîtriser.
L'injustice n'était elle pas plus grande encore en ce qui regardait Lancelot !
C'était seulement, pensait-elle, par pitié pour elle que Lancelot était venu à son secours, qu'il l'avait sauvée du bûcher au péril de sa vie, par pitié, enfin, qu'il allait devoir s'exiler en petite Bretagne.
Les sentiments que la reine prêtait à son ami n'étaient qu'à demi vrais. Tandis qu'elle se désolait ainsi en secret, Lancelot la contemplait avec une infinie tendresse. Sans doute cette tendresse se nuançait-elle de pitié ; et pourtant, jamais il n'avait mieux aimé la reine. Car s'il l'aimait aujourd'hui, ce n'était plus comme un objet de trouble désir, mais comme une créature infiniment touchante dans sa faiblesse et qu'il devrait, à l'avenir, défendre contre tous et tout d'abord contre elle-même.
Malgré sa conversion, sa quête de l'absolu (mais sachant qu'il ne pourrait atteindre le St Graal, à cause de sa faute) malgré les interdits charnels, jamais il ne l'avait aimée d'un tel amour !!
-Lancelot, murmura Guenièvre, comme le soleil dardait ses premiers rayons, je vous demande pardon pour toute la peine que je vous ai causée... et aussi, ajouta-t-elle plus bas encore, pour toute celle que je vais vous faire maintenant...
Elle songeait :
-Je ne suis plus qu'une chose brisée, inutile et malfaisante à ceux que j'aime. Certes, je ne vous ai pas porté chance !! Pourquoi vous êtes-vous embarassé de moi ? je serais morte à l'heure présente et peut-être l'excès de mes souffrances m'aurait-il rachetée pour l'éternité ??
Lancelot, la gorge serrée, détourna la tête afin que la reine ne vit pas son visage ravagé. Après un long silence, il se reprit :
-Amie, si l'un de nous devait supplier l'autre de lui pardonner, ce serait moi sans nul doute. Mais à quoi nous servirait-il dans notre détresse de nous accuser ou de nous disculper mutuellement ?
-La reine se tut de nouveau. Au cours de sa folle chevauchée, sa coiffure s'était défaite et brusquement une mèche de cheveux, que le vent tourmentait, se rabattit sur son visage. Celle-ci la fit d'abord un geste pour la chasser, mais s'étant ravisée, au contraire, elle rabattit la mèche devant ses yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Etait-ce une illusion due à la lumière matinale ? ou sa chevelure était-elle vraiment devenue blanche au cours de cette veillée d'épouvante qui devait la mener à son supplice ?
La reine se serre frileusement dans le manteau de laine que Lancelot lui a jeté sur les épaules : son propre manteau de chevalier.. une immense lassitude l'accablait...
De même que Lancelot, Guenièvre se taisait. Elle mesurait, avec quel désespoir ! l'étendue de son infortune. A la pensée de tous les maux que sa funeste passion avait attirée sur son ami, sur le roi, sur les chevaliers de son entourage, Guenièvre admettait avoir largement mérité les épreuves qu'elle venait de subir. Et pourtant, dans le même instant, l'infortunée ne pouvait se défendre de constater que son destin s'était montré bien cruel en choisissant de la frapper à l'heure, où elle s'était séparée de son amant, elle avait cessé d'être coupable ; du moins charnellement, car en esprit, elle n'avait nul regret, nulle contrition de cette liaison si jalousement tenue secrète pendant tant d'années et qui ajourd'hui lui était reprochée comme un crime. Mais, se disait elle, l'avait-on consultée lorsque Arthur avait décidé qu'elle deviendrait son épouse ? son père, trop heureux de cette union royale, l'avait "cédée" (pour ne pas dire vendue) au roi afin d'obtenir son appui !! elle était très jeune Arthur avait déjà pris de l'âge... et pourtant elle avait essayé d'aimer son époux, elle l'avait aimé d'ailleurs à sa manière.. mais la passion pour Lancelot avait été la plus forte.. quelque chose qu'elle n'avait pas pu maîtriser.
L'injustice n'était elle pas plus grande encore en ce qui regardait Lancelot !
C'était seulement, pensait-elle, par pitié pour elle que Lancelot était venu à son secours, qu'il l'avait sauvée du bûcher au péril de sa vie, par pitié, enfin, qu'il allait devoir s'exiler en petite Bretagne.
Les sentiments que la reine prêtait à son ami n'étaient qu'à demi vrais. Tandis qu'elle se désolait ainsi en secret, Lancelot la contemplait avec une infinie tendresse. Sans doute cette tendresse se nuançait-elle de pitié ; et pourtant, jamais il n'avait mieux aimé la reine. Car s'il l'aimait aujourd'hui, ce n'était plus comme un objet de trouble désir, mais comme une créature infiniment touchante dans sa faiblesse et qu'il devrait, à l'avenir, défendre contre tous et tout d'abord contre elle-même.
Malgré sa conversion, sa quête de l'absolu (mais sachant qu'il ne pourrait atteindre le St Graal, à cause de sa faute) malgré les interdits charnels, jamais il ne l'avait aimée d'un tel amour !!
-Lancelot, murmura Guenièvre, comme le soleil dardait ses premiers rayons, je vous demande pardon pour toute la peine que je vous ai causée... et aussi, ajouta-t-elle plus bas encore, pour toute celle que je vais vous faire maintenant...
Elle songeait :
-Je ne suis plus qu'une chose brisée, inutile et malfaisante à ceux que j'aime. Certes, je ne vous ai pas porté chance !! Pourquoi vous êtes-vous embarassé de moi ? je serais morte à l'heure présente et peut-être l'excès de mes souffrances m'aurait-il rachetée pour l'éternité ??
Lancelot, la gorge serrée, détourna la tête afin que la reine ne vit pas son visage ravagé. Après un long silence, il se reprit :
-Amie, si l'un de nous devait supplier l'autre de lui pardonner, ce serait moi sans nul doute. Mais à quoi nous servirait-il dans notre détresse de nous accuser ou de nous disculper mutuellement ?
-La reine se tut de nouveau. Au cours de sa folle chevauchée, sa coiffure s'était défaite et brusquement une mèche de cheveux, que le vent tourmentait, se rabattit sur son visage. Celle-ci la fit d'abord un geste pour la chasser, mais s'étant ravisée, au contraire, elle rabattit la mèche devant ses yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Etait-ce une illusion due à la lumière matinale ? ou sa chevelure était-elle vraiment devenue blanche au cours de cette veillée d'épouvante qui devait la mener à son supplice ?
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