Légendes Arthuriennes et autres

Légendes Arthuriennes et autres

La reine est condamnée au bûcher !

Le soleil a disparu derrière les frondaisons de la forêt ; l'ombre engloutit l'espace. Quatre feux ont été allumés aux quatre angles du champ pour mieux éclairer le lieu du supplice.
Au centre s'élève le bûcher de justice.
Le roi Arthur ne put résister au désir de contempler une dernière fois celle qu'il avait fait condamner à cette fin barbare. Hélas, lorsqu'il la vit venir, toute de blanc vêtue, déjà parée pour mourir, le visage ruisselant de larmes, si belle dans son désespoir indicible il pensa qu'elle n'avait jamais mieux mérité son surnom de reine au corps gent qu'on lui avait donné dans sa jeunesse. Il n'eut pas la force de la regarder plus longtemps.
Guenièvre est entraînée hors du palais et menée rudement. Quand ils la virent traitée de si cruelle manière, les gens de la cité ne purent retenir leur indignation. Tous l'aimaient et ils se plaignirent : "Ah ! roi Arthur, tu as laissé ta colère t'aveugler ! puisses-tu te repentir avant qu'il ne soit trop tard. Quant à ceux qui ont voulu déloyalement la mort de la reine, qu'ils meurent eux-mêmes en grande honte !
Ainsi se lamentait le bon peuple qui l'accompagnait et menaçait même son escorte.
Le roi Arthur avait demandé à ses chevaliers d'entourer le champ de l'exécution et commandait Agravain de veiller à ce qu'un coup de force ne vienne pas troubler le supplice.
-Sire, est-ce vraiment nécessaire que j'y aille ? demanda Agravain.
-Certes, fit le roi, car il t'appartient plus qu'à quiconque d'achever ce que tu as commencé.
-Dans ce cas, j'aimerais que mon frère  Gahériet m'accompagne. Je ne veux pas être le seul à être mêlé à cette histoire.
Guenièvre est maintenant devant le lieu de justice, et elle ne peut s'empêcher de se retourner pour voir si Dieu ne lui enverra pas quelque salut.... la nuit ne livre aucun secret.. Lancelot, qu'est devenu Lancelot ?
Lancelot et Bohort ont vu, de la hauteur où ils sont placés, grace à la lumière des 4 feux du champ que les hommes d'armes font dégager le bûcher car une foule bariolée se presse autour. Le vent porte les grondements de la multitude, clameurs et imprécations dominent les appels au calme des chevaliers.
Après pareilles démonstrations d'attachements, qui oserait encore prétendre que la reine n'est pas aimée ?
Lancelot et Bohort se tiennent maintenant prêts à charger.  Ils ont avec eux une trentaine de chevaliers, tous bons compagnons. La plupart appartiennent au lignage des trois cousins et les autres brûlent de prouver qu'il seraient dignes de l'être.
Soudain les clameurs redoublent puis font face à un silence total. Tous les yeux se tournent vers le même point du champ clos. La tribune réservée à la justice du roi est restée vide mais celle qui vient d'avancer, marche dignement, très droite, à travers l'herbe du pré pour être conduite au bûcher. Un seul cri monte : la reine !!!


13/04/2008
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