La nef des dames ....
A peine le maître et le serviteur se furent-ils séparés, qu'une pluie se mit à tomber ; une pluie violente, drue et tenace qui dura jusqu'au moment où Girflet se retrouva devant les eaux du lac où il avait lancé l'épée du roi. Une fois parvenu au sommet du tertre qui dominait le lac, Girflet se mit à l'abri sous un chêne pour attendre la fin de l'ondée.
La pluie l'avait tout d'abord, isolé du reste du monde, tel un rideau léger. Puis, elle cessa brusquement de tomber et le paysage ressurgit avec une netteté saisissante. Le soleil, au même instant, jaillissait à travers les déchirures des nuages, tandis que se déployait un immense arc-en-ciel aux diaprures d'azure, de sinople et de pourpre qui semblait prendre naissance dans la plaine même où avait eu lieu la bataille et de perdait au loin au-dessus de la mer.
Giflet, tourna son regard vers la grève où il avait laissé le roi pour mort. Il vit alors venir, par la mer, une nef toute pleine de dames. Quand la nef se fut échouée sur le sable, l'une des passagères en descendit et par de grands signes se mit à héler le roi, comme pour l'inviter à monter à bord de l'esquif.
Dès qu'il aperçut la dame et s'entendit appeler, le roi se leva, fit quelques pas pour la réjoindre. Il entra dans l'eau tout habillé et armé et monta à bord.
Girflet s'était rapproché vivement de la grève pour assister à ce prodige. Il vit alors, que le roi était couché dans la nef, entouré de dames et qu'il leur parlait.
La nef longea la côte, à la distance d'un trait d'arc, ce qui lui permit de contempler durant un moment celui et celles qui la montaient, puis, comme un navire enchanté, elle disparut, toutes voiles dehors, dans une grande gloire d'écume...
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