Légendes Arthuriennes et autres

Légendes Arthuriennes et autres

L'histoire de Morgane - son enfance -

A la demande de sa mère Ygraine, la petite fille née au solstice de juin avait été nommée Morgane, comme l'une des ses aïeules irlandaises. Ce vieux nom signifiait "la grande reine" et ressemblait fort à celui que les gens de Cornouailles et d'Armorique donnent aux sirènes ! La duchesse Ygraine avait ainsi relié sa fille à l'héritage de ses ancêtres. Elle n'avait d'autre choix puisqu'un mystérieux arrêté du destin avait fait naître Morgane dans l'Autre Monde, au solstice d'été, lui ouvrant ainsi le chemin du royaume féerique.

Deux autres petites fille suivirent Morgane, toutes deux blondes et roses, qu'on nomma Morgause et Anna. Après la naissance d'Anna, les mires et les sages-femmes virent annoncer au duc et à la duchesse que celle-ci ne pourrait sans doute pas donner d'autres enfants. A leur grand étonnement, Gorlois prit la nouvelle avec philosophie :"Si je ne peux pas avoir d'autres enfants, Morgane sera mon héritière ; elle deviendra duchesse de Cornouailles et du pays perdu de Lyonesse et dame des îles du Couchant. Ma lignée a connu des reines guerrières, des femmes qui ont conduit les royaumes et leurs troupes avec la force et le courage d'un homme. Ma fille est de cette trempe ; dès aujourd'hui, elle sera éduquée comme un prince. Pour ses soeurs, je négocierai de fructueux mariages qui agrandiront notre royaume".

Morgane fut ainsi confiée à un maître d'équitation, à un maître d'armes et à un précepteur aussi vieux que sage. Celui-ci découvrit, fasciné, que Morgane absorbait son enseignement comme un sol asséché boit la pluie. Rien ne la rebutait : elle apprenait aussi bien la généalogie des ses ancêtres que les règles de la composition musicale, le nom des constellations, ou l'arithmétique. Le vieux maître bouleversé, vint un jour voir la duchesse pour la prévenir que sa fille s'entretenait avec les oiseaux et parvenait à se faire obéir d'eux ! Ygraine, le rassura paisiblement en expliquant que sa famille bénéficiait de ce don depuis fort longtemps. Devant son calme, le vieux sage n'osa parler au duc des dons étranges de son héritière.

A six ans,Morgane, droite sur son poney commença à chevaucher fièrement dans la lande derrière son père. A son passage, on admirait son épaisse chevelure d'un noir bleuté, son teint d'ivoire, ses longs yeux bleu/violet sombre étirés vers les tempes sous d'épais sourcils droits et sa bouche pleine et rose. L'enfant était sévère et riait peu ; elle se montrait attentive à tout ce qu'on lui expliquait et pouvait rester des heures à contempler la mer et les étoiles. Mais si elle avait le sentiment qu'on se moquait d'elle, si on lui refusait ce qu'elle estimait juste d'être son dû, elle entrait dans de terribles colères qui étonnaient même Gorlois, pourtant lui-même d'humeur souvent rageuse. Seule sa mère, plongeant sans un mot ses yeux gris argent dans la nuée sombre de sa fille, parvenait à la ramener au calme.



29/01/2009
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