Légendes Arthuriennes et autres

Légendes Arthuriennes et autres

Un piège tendu à Lancelot

Le lendemain, le roi Arthur annonça qu'il allait chasser. Il quitta Camelot avec la moitié de sa cour. Lancelot était dans les appartements de son cousin  Bohort quand un jeune valet vint lui délivrer un message :
- Messire, lui di-il, la reine vous informe par ma bouche qu'elle est en danger et  vous supplie de vous rendre sans délai à son appel !
Lancelot demeure si interdit qu'il laisse le messager filer sans lui demander plus de détails.
Bohort met son cousin en garde :
- N'y vas pas, j'ai un mauvais pressentiment. Ce message me semble bizarre.
- Mais la reine me fait chercher, elle a besoin de moi, je ne peux me soustraire à sa demande ...
Bohort voyant qu'il allait partir, lui demanda de revêtir au moins une armure, il avait peur de ce qui pouvait arriver.
Mais Lancelot ne l'écoutait pas, il prit seulement son épée, celle que la reine Guenièvre lui avait donnée jadis pour son premier combat et se rendit aussitôt chez la reine et doucemen gratta à l'huis. La reine qui était déjà couchée se lève sans bruit et elle interroge :
- Qui est là ?
-Je suis venu à votre appel, lui répond Lancelot
Guenièvre croit rêver. Même au temps où leur passion coupable les aveuglait, l'un et l'autre au point de leur inspirer les pires imprudences, jamais elle n'aurait commis l'erreur d'envoyer un messager pour le chercher.
- Entrez ! lui dit-elle cependant en tremblant. Entrez vite de peur que quelqu'un ne passe dans le couloir et ne vous aperçoive.
Lancelot franchit le seuil de la chambre. Bien vite la reine l'attire à l'intérieur;
-Lancelot, mais qui vous a inspiré cette folie ?
- Elle n'a eu que le temps de refermer l'huis et de tirer le verrou que déjà une pluie de coups ébranle la porte. Celle-ci est un solide panneau de chêne, mais si épais fut-il résistera-t-il longtemps aux assauts ?
- Ami, se lamente la reine, nous sommes perdus. C'est Agravain et Mordred qui nous ont tendu un piège... ils veulent que le roi apprenne tout...
- Ils auront donc cherché leur propre mort plus encore que la mienne. Avez-vous ici quelque armure ?
-Hélas, non.
-Je crois savoir où trouver heaume et cotte de mailles...
S'approchant alors de la porte, il crie de toutes ses forces :
- Arrêtez, chevaliers faillis, je vais ouvrir cette porte. Que le moins couard en franchisse le seuil !
Brusquement il ouvre la porte et attend l'épée à hauteur de poitrine. Un chevalier de la suite d'Agravain entre hardiment ; mais à l'instant même où il fait un second pas en avant, le misérable reçoit un tel coup d'estoc qu'il tombe mort, percé de part en part.
A cette vue, ses compagnons hésitent. Lancelot profite pour tirer vivement le corps à l'intérieur de la chambre et referme l'huis et tire le verrou.
-Aidez-moi à  défaire ce heaume, dit-il à la reine.
Guenièvre se penche toute tremblante sur le cadavre ensanglanté à ses pieds.  En un tour de main, heaume et haubert changent de maître.
-Maintenant, s'il plait à Dieu, nul ne portera la main sur vous tant que j'aurais un souffle de vie !. 
  Guenièvre le supplia, haletante  :
"En cherchant à me protéger, vous allez succomber à coup sûr. Fuyez pour me sauver car ma vie dépend de la vôtre...  Il n'est pas encore né celui qui oserait me condamner à mort alors qu'il vous aurait vivant. Fuyez vite si vous m'avez jamais aimée !
-Dieu, qu'il m'en coûte ! répondit Lancelot dans un soupir.
Alors, de nouveau Lancelot ouvre la porte à la volée, le premier chevalier qu'il aperçoit est Agravain et l'insensé essaie de l'empêcher de passer. Lancelot lui porte un coup dont tout autre eût péri ; mais Agravain est habile au jeu des armes. Il s'est baissé avec tant d'à-propos que le tranchant de l'épée n'a fait que l'effleurer.
La bonne lame, par contre s'est fichée dans la porte. En la retirant, Lancelot en brise la pointe. Avec cette épée écourtée à la main, le chevalier semble encore si redoutable que nul ne songe à le poursuivre... d'un bond il se perd dans les couloirs tandis que sur le seuil de la porte qui donne accès à sa propre chambre, apparaît Arthur en personne.
Le roi bute d'abord contre le corps de Tanneguy et trébuche. S'apercevant que la reine est en simple parure de nuit et que le lit est défait, la fureur l'aveugle. Il crie aux uns d'arrêter la reine et aux autres de poursuivre Lancelot. Cette fois, il fera bonne justice.
Mais Lancelot est déjà hors d'atteinte. Bohort craignant quelque piège a laissé le cheval de Lancelot auprès d'une porte que son cousin connaissait bien car il l'empruntait maintes fois. Lancelot arrive justement devant cette porte. Il détache son cheval et sans lâcher les rennes, fait jouer la barre de bois qui barre la porte. Puis il tire le lourd panneau de toutes ses forces, passe le seuil avec son destrier, referme la porte et saute en selle.
Aux termes d'une folle chevauchée à travers halliers et taillis, le chevalier se trouve en sécurité au sein de la forêt.


 



13/04/2008
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