Légendes Arthuriennes et autres

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Lancelot du Lac

Lancelot est un personnage du cycle des romans de la Table Ronde et le héros éponyme du roman de chevalerie Lancelot du Lac, écrit au XIIIe siècle en langue romane par un auteur anonyme médiéval. Cependant, il est surtout connu par le roman courtois de Chrétien de Troyes, le Chevalier de la charrette, composé entre 1177 et 1181.
Lancelot est l'archétype du chevalier courtois, au service indéfectible de sa dame, étant même prêt à sacrifier son honneur pour rejoindre celle-ci. Cependant, cet amour sera à l'origine de sa perte et l'empêchera de trouver le Saint Graal : seul son fils, Galahad le Pur, aura ce privilège.

Le château de son père, situé au bord d'un lac au cœur de la forêt de Brocéliande, (en fait il s'agit à l'époque de rédaction des récits arthuriens de la marche de Gaule et de Petite Bretagne située par des recherches récentes entre Vannes et Bellême, entre le Mont Saint Michel et le Mans), était réputé imprenable. Cependant, lors d'une campagne aux côtés du roi Arthur, le roi Ban de Benoïc mourut en quittant son château qui brûlait, laissant seule sa femme enceinte. Quelques mois après sa naissance, le jeune Galaad est enlevé sous les yeux de sa mère par une créature venant du fond du lac, et disparaît, croit-elle, à jamais. Ce lac était en fait la demeure de la « Dame du Lac », et était la passerelle vers l'île enchantée d'Avalon, pays des mages et sorciers. La fée Viviane, car c'était elle, avait enlevé Galaad pour l'emmener en son palais sous-marin et l'éduquer comme un fils. Elle décida donc de l'appeler Lancelot du Lac. Pendant 18 ans, elle l'éduqua à dessein d'en faire le chevalier parfait : chasse, musique, combat mais aussi courtoisie et noblesse d'esprit.

Parvenu à l'âge de 17 ans, il pressa la fée Viviane de l'introduire auprès du roi Arthur pour être adoubé chevalier. Grâce à son appui, mais aussi grâce à l'aide du chevalier Gauvain, neveu du roi, il fut fait chevalier le lendemain même, jour de la Saint-Jean. C'est durant cet adoubement qu'il remarque celle qui sera sa dame, mais qui provoquera aussi sa perte, la reine Guenièvre. Ébloui par celle-ci, il va à sa rencontre et lui propose de devenir son chevalier, ce qu'elle accepte : le coup de foudre est réciproque. Cependant, dès la fin de la cérémonie, une jeune fille vient le trouver et lui apprend qu'il doit prendre la route sur-le-champ, afin de délivrer des maléfices le château de la Douloureuse Garde. Celle-ci lui remet, de la part de la Dame du Lac, un écu à trois bordures rouges, qui décuplera sa force au combat.
Au fil des tournois et des combats, sa réputation ne cesse de grandir, tout comme son amour pour Guenièvre. Or, un jour où Lancelot était absent de la cour, Méléagant, fils du roi de Gorre, vient défier les chevaliers. Ainsi, il affirme détenir prisonniers dans son château un certain nombre de chevaliers et propose de les libérer si quelqu'un réussit à le vaincre en combat singulier. Dans le cas contraire, il enlèvera la reine Guenièvre. Seul le sénéchal Keu accepte et relève le défi. Le lendemain, Keu et Guenièvre se présentent à l'orée de la forêt, où les attend Méléagant. Après un très court combat, Keu se retrouve à terre. Méléagant saisit alors la reine et le chevalier, et s'apprête à s'en aller lorsque Lancelot, arrivant à grand galop, s'élance sur le prince de Gorre. Il réussit à le blesser à l'épaule, mais Méléagant enfonce son épée dans les flancs du destrier de Lancelot et prend la fuite.Lancelot se retrouve alors seul, loin de tout mais surtout privé de son cheval. Il se met donc à marcher à travers la forêt pendant des heures. Il aperçoit soudain, au bord du chemin, un nain conduisant une charrette à bestiaux, sale et vermoulue. Il demande à celui-ci s'il n'a pas vu passer l'équipage constitué de Méléagant, Guenièvre et Keu. Le nain lui répond qu'il pourra le mener à sa dame à la condition de monter sur la charrette. Lancelot hésite : seuls les brigands et les hommes de peu de foi se déplacent en cet attirail, mais c'est pourtant sa seule chance de revoir la reine. Il se résout donc à monter sur cette charrette de la honte. Commence alors un éprouvant voyage : sur le chemin, tous se moquent de cet attelage d'un nain et d'un chevalier misérable. Finalement, la charrette arrive à un château où ils passent la nuit.

Dès l'aube, le nain réveille Lancelot : il a vu la reine Guenièvre emmenée par des gardes. Après avoir chevauché nuit et jour, il parvient aux abords du château de Baudegamu. Mais il n'est pas au bout de ses peines : il doit en effet franchir le terrible Pont de l'Épée, une immense épée tranchante comme un rasoir posée entre deux rives. Ce pont, situé au-dessus d'une eau noire et glacée, est gardé par deux lions. Ne pensant qu'à sa dame, il enlève ses gants et s'enduit de poix, matière visqueuse, pour éviter la chute. Après maintes coupures, il rejoint enfin l'autre rive de laquelle les lions ont, par enchantement, disparu. Devant cet exploit, Lancelot est acclamé et le roi Baudegamu propose alors de libérer tous les prisonniers, mais Méléagant refuse et défie Lancelot. Dès le lendemain, le combat entre Lancelot et Méléagant débute. Malgré toutes les épreuves qu'il a subies, Lancelot a rapidement le dessus. Baudegamu ordonne alors l'arrêt du combat, et Lancelot peut ainsi repartir pour Camelot avec sa dame.

Lors de l'épisode de la charrette, Lancelot est longuement tiraillé entre son honneur et l'amour qu'il éprouve pour la reine Guenièvre.

« Nain, fait le chevalier, au nom du ciel, dis-moi si tu as vu passer ma dame la reine.

– Si tu veux, répond-il, monter dans ma charrette, avant demain tu pourras savoir ce que la reine est devenue. »

Là-dessus, il continue d'aller sans attendre un instant le chevalier. Celui-ci tarde un peu, en tout le temps de deux pas, à suivre le conseil. C'est pour son malheur qu'il tarda, pour son malheur qu'il eut honte et s'abstint de sauter aussitôt dans la charrette. Mais Raison, en désaccord avec Amour, l'exhorte à se garder de faire un pareil saut, le sermonne et lui enseigne à ne rien entreprendre où l'opprobre s'attacherait à lui. Raison n'a son séjour que sur les lèvres… Amour est dans le cœur enclos : il donne un ordre et un élan. Bien vite il faut monter dans la charrette. Amour le veut : le chevalier y bondit. Que lui importe la honte, puisque tel est le commandement d'Amour ?
Ce passage est typique du roman courtois, où le chevalier choisira de perdre son honneur plutôt que de devoir renoncer à son amour. Guenièvre tiendra même rigueur à Lancelot d'avoir hésité avant de sauter dans la charrette de honte…

 



17/04/2008
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